• Les médecins de l'hôpital ont noté en gras sur ma fiche :

    sevrage tabagique. Soit ! Mais un sevrage peut être immédiat, c'est-à-dire brutal et alors représenter une violence, ou bien être progressif et géré avec prudence. Déjà fortement secoué par mon passage aux urgences puis en cardiologie, par la prise biquotidienne de médicaments puissants et perturbants (causant notamment des troubles du sommeil et en conséquence des moments de grande fatigue et de somnolence diurne, j'espérais un sevrage progressif. Mais mon ange gardien a retenu la seule option du sevrage immédiat ! Le médecin de famille, soucieuse de me préserver d'une dépression nerveuse dans cet épisode traumatique, a plaidé pour m'autoriser une pipe par semaine, ce à quoi mon ange gardien a consenti et ce à quoi je me suis résigné les deux premières semaines. Mais c'est très dur ! Je ne suis pas dépendant, car je ne ressens pas les fébrilités de "l'état de manque" (mon tabac de la Semois est libre de tout conservateur comme de tous additifs : lesquels sont addictifs !) mais sur le plan psychologique fumer ma pipe m'assure une détente profonde. Mon ostéopathe préférée, ma chère Magali, après m'avoir longuement écouté, estime que deux pipes par semaine seraient plus efficaces pour réussir en douceur cette période de sevrage, en un mois ou deux. Comme mes moments de fumage sont incontrôlables la plupart du temps, je fumerai donc quand j'en sentirai le besoin. Le vrai problème est ailleurs. Comme l'a exprimé jadis la shamane catholique Hildegarde de Bingen, ai-je vraiment la volonté de me libérer du démon qui me chevauche ? Et le tabac n'est qu'un petit attribut de cette possession démoniaque !


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  • Je viens de passer quelques jours à l'hôpital : entré aux Urgences vers deux heures du matin, le 2 mars 2018, alors que j'étais seul à la maison, aussitôt perfusé, électrocardiogrammé etc..., puis placé en soins intensifs dans une chambre douillette au 20ème étage (cardiologie), je suis revenu à la maison vers 17 h le lundi 5 mars, lesté de deux "stents" et d'une ordonnance longue comme un jour sans pain, réputée être "à vie" !

    Grand merci au système médical français, tout imparfait qu'il soit ! Je suis vivant, la vie est belle ! Décidément, je suis abonné à l'hôpital. Déjà j'y passai le dernier Noël ! Je le fréquentai surtout durant les années 80, quand je souffrais d'hypertension artérielle, plus sévère d'année en année en dépit des traitements. Elle était dite "essentielle" par les gens de métier, appellation masquant leur ignorance de la cause ! Comme toute chose a une fin, logiquement la fin serait soit la mort du malade, soit sa guérison. Un médecin fut enfin plus malin que les autres et ce fut la guérison, en 1988... mais ceci est une autre histoire. 

    J'ai horreur du CHU. Celui de Caen est un monstre de béton gris haut de 21 étages. Les fenêtres existent mais on ne peut les ouvrir, l'air est renouvelé par une soufflerie au plafond des pièces, elle fonctionne jour et nuit, allez dormir avec çà ! J'ai toujours ressenti le lieu comme lugubre et totalitaire. Mais je reconnais la compétence médicale de la plupart des médecins auxquels j'ai eu à faire. Quant à l'hôtellerie, elle est industrielle et tout sauf appétente : mieux vaut n'en pas dire davantage.

    Je suis donc heureux de vous annoncer que je suis à la maison, livré aux soins affectueux et rigoureux de mon "ange gardien fait femme". Je tisonne à nouveau mon feu (le luxe de mes vieux jours, avec l'enrichissement de ma bibliothèque). Seule ombre au tableau : le prétendument nécessaire sevrage tabagique... mais bon ! Je m'en remettrai, et je ne vais certes pas congédier du jour au lendemain mon harem de pipes... Un sevrage peut être progressif, non ?

    Depuis 2016, j'organisais ma progressive désocialisation. Elle a bien failli être totale mais le sursis est prolongé : évidemment, il faudra bien mourir un jour. J'attends ce jour sans crainte : le grand confort de mon ermitage urbain assure mon bonheur, et j'ai tous les livres qu'il faut pour satisfaire mes désirs d'évasion et de Qulture. Peut-être voyagerai-je une dernière fois aux lieux de ma jeunesse, en Bourgogne et en Provence, visiterai-je mes parents et amis. Je l'espère mais ne sais quand. Aussi, si vous pensez venir toquer à ma porte, prévenez bien à l'avance pour ne pas risquer de faire "chou blanc" ! Sachez que je serai toujours heureux de vous accueillir. Par avance, vous êtes bienvenu(e)s...

    Pierre Paillard


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  • J'ai eu la chance de rencontrer des éditeurs de grande qualité, et dont la personnalité m'a marqué, tel Dominique Bigourdan, jadis au "Sang de la Terre", qui avait fait de sa maison, dans les années 80, l'éditeur de référence en écologie. Et puis comment ne pas mentionner Jacques Dodart, continuateur des éditions Ivréa ? Il accepta de m'échanger des livres contre des bouteilles !

    Le monde de l'édition est incroyablement vaste et divers, et si tout lecteur connaît Larousse, Hachette, Gallimard, José Corti ou Actes-Sud, qui connaît "William Blake et Cie" ou Moundarren ?

    Or les petits éditeurs, et parfois très très petits, sont irremplaçables. Ainsi, chez Gallimard vous trouverez "1984" et "La ferme des animaux" de George Orwell, mais si vous désirez lire les oeuvres complètes de ce très grand auteur, vous devrez aller chez Ivréa : vous les trouverez seulement là. Le Discours de la servitude volontaire est disponible chez nombre d'éditeurs, mais les oeuvres complètes de La Boétie ne sont en vente que chez "William Blake et Cie", libraire-éditeur bordelais ! S'il vous plaît d'admirer et posséder un livre bilingue, relié "à la chinoise", d'un poète de la dynastie des Tang, Moundarren vous satisfera, et il est le seul à ma connaissance. Que dire encore ? Vous parlerai-je du bonheur d'écouter, au salon Pouchkine, Sophie Benech parler d'Arthur Chalamov ? J'achetai aussitôt "Mes bibliothèques" et je relis souvent ce petit livre ironique et terrible, dont la dernière phrase résonne toujours en moi (Je regrette de n'avoir jamais possédé ma propre bibliothèque). Hélas !

    Diane de Selliers...


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    M. Cicéron, vous auriez dit, ou écrit : "Si vous possédez une bibliothèque et un jardin, vous avez tout ce qu'il vous faut."

    Eh bien, laissez-moi vous dire que je ne suis pas d'accord. A moi, il faut cela mais aussi beaucoup plus, monsieur Cicéron !

    Il me faut, dans l'ordre de priorité : une femme (aimée et aimante), une maison (confortable et belle), une riche bibliothèque, un jardin fleuri, un cellier bien garni et, évidemment... des amis. Et comme j'ai tout cela, je vis dans le bonheur ! J'espère pour vous que vous possédâtes assez de tout pour jouir du même bonheur que le mien.

    Les amis ne vous manquaient pas, monsieur Cicéron, j'ai lu ça quelque part, et je suis étonné que vous ne les ayez mentionnés. Certes ma bibliothèque compte beaucoup pour moi, mais la mettre en tête de liste, cela me sidère !

    Quoi qu'il en soit, même si, en ce qui me concerne, l'embryon de ma bibliothèque était largement constitué bien avant que je ne rencontre la femme de ma vie, c'est mon épouse que j'inscris en priorité de la liste.

    Car la femme qui enchante mes jours et mes nuits depuis près d'un demi-siècle est une bénédiction et je souffrirais beaucoup si je devais m'en trouver séparé, ce qu'à Dieu ne plaise ! Une bibliothèque peut brûler, elle est remplaçable. Mais pas la femme de ma vie !

    J'en viens à la maison. Jadis je n'en voulais pas, disant à qui voulait bâtir : "Pavillon, piège à cons"... Et puis la femme de ma vie voulut une maison ! Comme je ne puis rien lui refuser, j'ai choisi un architecte. Il lui a fait une maison, certes en fonction de notre maigre budget, mais une maison au nombre d'or, et nous y sommes bien ! Le nombre d'or, vous savez ce que c'est, monsieur Cicéron, votre copain Vitruve a bien dû vous en parler... Bref, nous avons depuis plus de trente ans une maison, modeste certes mais originale, fort confortable, et nous espérons y finir nos jours.

    Notre maison est en fait une bibliothèque à part entière, puisqu'il y a des livres partout, si j'excepte la salle de bains, l'arrière-cuisine, le cellier et le garage. Les livres de cuisine sont dans la cuisine, bien sûr. Mais l'ordre cesse là, car ma logique de rangement est plus celle des associations d'idées (voyez Aby Warburg) que celle de M. Dewey. La dernière pièce de la maison à être colonisée par les bouquins fut celle communément appelée "les cabinets" Naturellement, Lire aux cabinets, de Miller, fut le prétexte de cette installation. Mon épouse résiste à ma bibliophilie insatiable et maintenant je ne puis plus espérer ajouter un seul rayonnage aux autres. Comme je suis quasi-incapable de me séparer de mes livres, cela depuis environ soixante-dix ans, et comme depuis mon enfance je continue d'en acquérir, me voilà devant un sérieux dilemme !!! Mais je ne veux pas évoquer davantage ici ma relation aux livres, il y faudrait un ouvrage entier ! (Je l'écrirai peut-être...)

    Si ma bibliothèque est riche de plusieurs milliers de livres, mon cellier ne contient guère plus d'une centaine de bouteilles. Certes, chaque jour je lis et je bois du vin, mais si je conserve les livres, je me sépare des bouteilles vides. Longtemps, je conservai les flacons qui m'avaient procuré une grande émotion, ils ornaient les hauts de mes rayonnages de livres mais un jour la femme de ma vie les qualifia de ramasse-poussière et finit par obtenir de moi d'en faire le sacrifice. Ce jour-là et sans état d'âme, la plus aimante des épouses se fit impitoyable bourreau !

    Les bouteilles dans mon cellier ne durent jamais longtemps, sauf quelques-unes que j'oublie. Ainsi, quelques Châteauneuf du Pape blancs ont plus de vingt ans. Comme les rares bouteilles de vin jaune réservées aux occasions exceptionnelles. Laisser vieillir le vin implique une immobilisation financière et les vins que j'aime se boivent jeunes, ou assez jeunes. Je parlerai plus loin de tout celà, puisque ce livre tourne autour du vin (je dis tourne autour pour suggérer l'état de légère ébriété du personnage que je décris). En fait, monsieur Cicéron, je ne me suis adressé à vous que pour préciser la place du vin dans ma vie, place nécessaire, mais non prioritaire !

    De mes amis, je ne veux point parler ici, c'est trop intime. Je dirai juste qu'ils me sont infiniment précieux.

     

     

     


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  • Je m'attendais à être questionné, voire contesté (gentiment ou non), pour avoir mentionné dans mon dernier billet (en la justifiant) la pensée traditionnelle. Comme trois personnes m'ont manifesté leur approbation (et l'une me prie de continuer de publier mes billets d'humeur), je me risque donc à expliciter ce que j'entends par là.

    Début janvier, je reviendrai sur la proposition de Bruno Frémont, que j'approuve et souhaite voir aboutir.

    J'ai pris conscience de la pensée traditionnelle en juillet 1958, aux Journées d'étude de la non-violence à la Communauté de l'Arche, alors sise à St Pierre de Sénos, près de Bollène. Nous étions là une petite centaine de personnes qui écoutions l'enseignement de Lanza del Vasto.

    Le Lanza parlait lentement. Il dit : Regardez un jet d'eau ! Il y a beaucoup de philosophie dans un simple jet d'eau. Car c'est toujours le même jet, et ce n'est jamais la même eau. Ces paroles provoquèrent un éblouissement en moi, comme si, étant dans une pièce sombre, un grand rideau venait d'être brusquement arraché devant mes yeux, laissant passer brutalement la lumière éclatante du soleil. Il faut dire qu'alors, pensionnaire de l'école normale d'instituteurs d'Avignon, tout frais titulaire du baccalauréat de sciences expérimentales, j'étais pétri de l'approche scientifique moderne, rationaliste et matérialiste, ne connaissant que physico-chimie et rejetant toute autre approche du réel comme vestige d'un passé obscurantiste.

    Eh bien, subitement, l'évidence me frappait : comme l'eau du jet d'eau, la matière circule au sein de la forme de vie qui l'anime ! Cette forme n'est pas réductible à la physico-chimie, elle dépend donc d'un autre ordre de réalité que la science dominante ignore et rejette (par parti-pris idéologique).

    Depuis, je navigue entre ces deux approches, celle de la pensée moderne (et impérialiste), et celle de la pensée traditionnelle. Je ne les distingue pas par les termes matérialiste et spiritualiste, cette approche est lourde de malentendus et d'inexactitudes (René Descartes, à la suite de l'église catholique, n'a rien arrangé). Je préfère la terminologie de Jean Servier, ethnologue et universitaire : d'une part est le monde visible, celui que perçoivent nos sens (et lui seul est l'objet de la méthode expérimentale, fondement de la science dominante). Mais d'autre part est le monde invisible, présent dans tous les mythes de l'humanité et encore vivant dans quelques groupes humains), perçu et exprimé bien sûr de milliers de façons différentes. C'est aussi le monde des mystiques, des alchimistes, du chamanisme. Et il me plaît de voir des hommes de science, neuro-scientifiques, étudier par exemple le fonctionnement du cerveau durant une transe chamanique. (Aspect subsidiaire : la conscience est-elle la sécrétion du cerveau, ou le cerveau est-il l'outil que s'est donné la conscience ? Je suis redevable de ce questionnement à Pierre Etevenon, qui fut membre du Club du vin authentique dans les années 90). Il me plaît encore de voir un docteur ès sciences  abandonner la recherche fondamentale pour se consacrer à donner une lecture actualisée de la pensée traditionnelle.

    Je ne renie nullement la méthode expérimentale en ce qu'elle a de fécond et je reconnais les immenses progrès matériels qu'elle a permis mais en même temps je vois clairement les désastres écologiques  qu'elle a provoqués, ainsi : l'aberration de l'agriculture intensive. Sans parler des autres désastres... La volonté de pouvoir et la cupidité ne sont pas les seuls moteurs de la course au chaos, mais aussi la rigidité d'une méthode de pensée qui nourrit l'agro-industrie, le monde de la médecine, etc...

    Je ne parle pratiquement jamais de cela, et mes billets dionysiaques sont consensuels. L'autre jour, j'évoquais devant un de nos amis, chercheur en physique nucléaire, notre recours à l'homéopathie. Ah ! Vous croyez encore à çà, lâcha-t-il. Je n'ai pas relevé, pour rien au monde je ne voudrais gâter la vieille amitié que m'accorde un homme généreux. Et pourtant, la validité de l'homéopathie est prouvée depuis plus de quinze ans par une approche rigoureusement expérimentale (je puis donner mes références) mais j'entends encore des mandarins la traiter avec le dernier mépris (sur France-culture).

    Certes, le changement de mentalité est en cours, la transformation des consciences progresse de plus en plus vite. Mais la question est de savoir si nous pourrons faire l'économie d'un chaos. Je ne le crois pas... Alors, pour ne pas perdre le moral, mangeons de bons aliments et buvons de bons vins !

    TRINK !

    P.S : ceci n'est qu'une approche, je vous remercie par avance de m'aider à préciser, approfondir...

     

     

     


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